LFPC AWARDS 2017 A DOUALA : J’Y ÉTAIS (Épisode 7)

Les invités trainent à revenir du cocktail. L’équipe de présentateurs change, avec une présentatrice d’expression française plus enjouée. Visiblement, la consigne est d’accélérer la soirée, et il y a désormais une voix off qui précise ou rectifie les annonces des présentateurs. L’artiste Armand Biyag est annoncé, et il monte rapidement sur le podium. Tiens, mais Gaëlle Wonje est en concert à l’Institut Français de Douala et Armand Biyag se produit au même moment à l’hôtel Sawa ? Chut, je vois ; on ne blague pas avec le pointage ! Armand nous fait le titre « Mot Binam » en version trafiquée (expression prisée par feu Tom Yom’s) à la sauce « homme orchestre » de Richard Bona. La voix monte, monte encore, mais les applaudissements ne suivent pas la même trajectoire.

Salatiel passera également avec la même tiédeur de l’assistance : la faute au choix d’un titre langoureux ou à la lassitude des invités ? Pas le temps de s’attarder sur ce qu’ont dû ressentir Armand Biyag et Salatiel face à l’indifférence du public de circonstance. Les énormes chèques jaunes défilent sur le podium, les trophées aussi. Ça va très vite. Trop vite même pour ce joueur qui demande le micro pour émettre une réclamation, mais qui est éconduit sans ménagement par les présentateurs : pris de colère, il abandonne son trophée sur les marches du podium. Faustin Domkeu, vice-président de la LFPC, va jouer le consolateur de ce lauréat déçu.

On montre et remontre les meilleurs buts de la saison sur les écrans géants, . Marc Chouamo et Aimé Moukoko, dont les voix accompagnent ces buts, sont debout comme par hasard, et c’est l’air gêné (tu parles !) qu’ils acceptent les félicitations de nombreux invités du Shaba. Le but de Clarence Bitang est retenu. « Vous croyez qu’on travaille pourquoi ? » braille Willy Kak très heureux de ce choix.

Le rythme éffréné de remises des récompenses s’arrête subitement. Le ballon d’or est annoncé. Il sera remis par quelqu’un qui a été 7 fois ballon d’or (dixit le présentateur). Puis il demande que l’assistance se lève pour ovationner le … gouverneur de la Région du Littoral qui devait remettre le trophée de ballon d’or. Tous les patriotes présents se lèvent donc. Bien que logé à plusieurs enseignes, le parterre d’invités était supposé être UN et INDIVISIBLE : mais je constate qu’il y a des invités secess… qui restent assis. Je ne vais pas les trahir, les prisons sont déjà pleines.

Tientcheu Alfonse de Eding FC est donc « Ballon d’or » du Cameroun 2017 ! Il n’a pas été désigné meilleur joueur à son poste de défenseur, mais il est le meilleur joueur tous postes confondus ! Son collègue ballon d’or (?), alias gouverneur du Littoral lui remet la distinction. Les invités debout restent debout. Le Doyen Atangana Fouda me regarde, et je lis dans son regard : « c’est le même ballon d’or que les Eboué Jean-Daniel, Thomas Nkono, Mangamba Adalbert, Abéga Théophile, Roger Milla ont gagné ici au pays ? » "Nostalgie, sors de ce corps! Nostalgie, je t'envoie le feu! Au nom puissant de... !"

Les présentateurs demandent à tous les lauréats de regagner le podium pour une photo d’ensemble. Hey, c’est la fin alors ! Il faut que j’y aille rapidement, les taxis ne sont pas faciles à Bonanjo la nuit. Je salue au passage le président national de l’AJSC (même lui n’était pas V.I.P.), mon ancien « chauffeur » à La Télé de Misère, Eric Martial Djomo.

On s’en f… ! Les vigiles de l’hôtel vont savoir que je suis arrivé en taxi, mais est-ce qu’ils vont me revoir de si tôt ? Cinq minutes, zéro taxi. Puis j’entends derrière moi « patron, un dépôt ? » A l’heure-là, tu te fais violence, surtout quand le chauffeur de taxi ajoute « ah, le grand consultant ! » Ta réputation est en jeu. Vroum, 8mn de trajet, two kolo !

(Fin)

Charles MONGUE-MOUYEME